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Le 3 septembre dernier, le youtubeur anonyme « Shadow Ombre » a publié une vidéo assassine sur l’anthroposophie, dans laquelle il critique violemment ma personne ainsi que mon article sur « l’imposture » Grégoire Perra. Voici ma réponse à ses propos.

Martin Bernard

23 octobre 2019 – Le bien nommé « Shadow Ombre » (qui, comme la plupart des autres propagateurs des propos de M. Grégoire Perra, préfère avancer masqué de peur que la méchante secte « anthroposophie » ne vienne le coincer au sortir du lit…) m’a récemment relancé sur Twitter pour que je lui fasse un retour sur sa vidéo du 3 septembre 2019 intitulée « L’acharnement des anthroposophes: procès, diffamation, trolls ». Comme je lui avais moi-même annoncé au préalable ma volonté de le faire, voici ma réponse circonstanciée à ce sujet.

Je ne reviendrai ici que sur les passages me concernant directement, moi ainsi que mon article intitulé « L’imposture Grégoire Perra », publié sur ce site le 11 juillet dernier. Ce faisant, je n’espère nullement convaincre M. Ombre de quoi que ce soit. Son aveuglement est d’ordre idéologique, et rien, sans doutes, ne le fera changer d’avis à ce sujet. L’important pour moi, comme je l’ai souvent répété, a toujours été d’apporter des faits aussi véridiques que possible au grand public. A lui ensuite de les juger comme il voudra. Mais qu’il ne se laisse pas tromper par les arguments fallacieux de M. Ombre (d’ailleurs probablement influencé directement ou indirectement par M. Perra), qui propose dans sa vidéo une lecture tronquée de mon article sur ce « lanceur d’alerte » auto-proclamé, contenant des erreurs, omissions et contorsions grossières des faits.

M. Ombre commence par vouloir m’affubler à tout prix du titre d’anthroposophe, cherchant ainsi à convaincre ses auditeurs du caractère biaisé de ma démarche, dont les motifs seraient en outre cachés. Or, il n’y a qu’à parcourir mon article jusqu’à son terme pour lire le paragraphe suivant, qui expose clairement (sans rien dissimuler) mes motivations et ma posture personnelle (qui est aussi de l’ordre du témoignage) : « Anticipant la critique, et par souci de transparence, je tiens à préciser ici que je ne suis membre d’aucune société anthroposophique. J’ai passé les cinq premières années de ma scolarité dans une école Steiner-Waldorf en Suisse, avant de finir dans le public. Je suis donc bien placé pour comparer les deux approches pédagogiques. Je m’intéresse aujourd’hui à l’anthroposophie en tant que courant de pensée et de développement personnel. Il m’arrive aujourd’hui, en toute indépendance, d’écrire parfois sur des sujets en lien à l’anthroposophie, notamment pour le média en ligne aether. J’ai aussi côtoyé un certain nombre d’anthroposophes. J’atteste n’avoir jamais rencontré le genre de profil ou d’abus que décrit Grégoire Perra. » Il s’agit de la première distorsion utilisée par M. Ombre pour soutenir son argumentaire à charge.

M. Ombre procède ensuite à une énumération de plusieurs de mes articles publiés sur des sites anthroposophes, comme aether ou tri-articulation.info. Il est vrai, et je ne l’ai jamais caché, que je collabore régulièrement avec aether. Mais je l’ai toujours fait en toute liberté. Je n’ai en revanche jamais rien publié directement sur tri-articulation.info, tous les articles présents sur ce site ayant été repris (avec mon accord) suite à une parution préalable sur mon blog personnel. Il s’agit d’un petit raccourci de la part de M. Ombre, qui montre encore une fois avec quelle rigueur intellectuelle il a construit ses propos. En outre, mon enquête sur l’assassinat de Raspoutine ne concerne nullement la vie de ce dernier « vue par Rudolf Steiner », comme le laisse entendre M. Ombre. Il s’agit avant tout d’une longue enquête historique sur les faits troublants entourant la mort de ce « moine fou », publiée d’abord sur le site de feu le mensuel genevois La Cité. Cette première version ne contenait aucune mention de Rudolf Steiner ou d’anthroposophie. Ce n’est qu’ensuite que j’ai complété cette enquête pour aether, en ajoutant ce que R. Steiner avait dit sur Raspoutine. Ce complément est minime par rapport au reste du texte, que visiblement M. Ombre n’a pas lu. Nouvelle approximation fâcheuse.

M. Ombre avance ensuite que la doctorante américaine Maria Noland considère les textes de M. Perra comme « haineux et revanchards ». C’est faux… Ces mots sont de la Québécoise Chantal Lapointe, qui a écrit une thèse sur la pédagogie Steiner-Waldorf…. M. Ombre a-t-il vraiment lu attentivement mon article sur Grégoire Perra ? Ses vains essais pour décrédibiliser les études scientifiques favorables à la pédagogie Steiner-Waldorf sont en tous cas d’un ridicule et d’une malhonnêteté intellectuelle effarante. Le professeur Loïc Chalmel est bien intervenu à Colmar et Avignon, mais il est tout à fait normal qu’un chercheur qui s’intéresse à la pédagogie Steiner-Waldorf fréquente des écoles qui s’en réclament (de près ou de loin). Rien d’étonnant non plus à ce qu’il y soit invité en tant que conférencier, puisque ses recherches permettent d’inscrire la pédagogie Steiner-Waldorf dans un courant d’idées pédagogiques plus ancien. Les opposants à ces écoles feraient bien d’y mettre eux-mêmes les pieds. Rien n’est caché. Risible, M. Ombre, encore une fois.

Passons rapidement sur la thèse du professeur Peter Staudenmaier (Peter Staudenmaier, Between Occultism and Nazism: Anthroposophy and the Politics of Race in the Fascist Era, Leiden/Boston: Brill 2014), dont la partialité a déjà été exposée ici, par un anthroposophe et sur aether, certes, mais les faits sont têtus. M. Ombre s’emploie ensuite, toujours aussi futilement, à remettre en cause l’étude scientifique d’Heiner Barz, publiée en 2007. Or celle-ci ne peut raisonnablement l’être de cette manière, quelles que soient par ailleurs les autres publications de ce chercheur. M. Ombre, qui n’a visiblement pas mené ses recherches jusqu’au bout, ne précise d’ailleurs pas à ses auditeurs que M. Barz a conduit en 2012 une autre étude comparant les résultats scolaires, les compétences sociales et le bien-être de plus de 800 élèves d’écoles Steiner-Waldorf et d’écoles publiques. Les conclusions positives de cette nouvelle vaste enquête ont notamment été reprises dans le journal Die Welt.

M. Ombre fait également preuve de partialité lorsqu’il omet de préciser les propos du professeur Heiner Ulrich, pourtant cités dans mon article. Ce grand critique (objectif) de la pédagogie Steiner-Waldorf reconnaît pourtant à cette dernière des qualités indéniables… M. Ombre oublie également de mentionner l’étude de Stanford réalisée en 2015, ainsi que les dizaines d’autres études peer reviewed que je n’ai pas mentionnées dans mon article sur Grégoire Perra par manque de place. Dans ce domaine, les faits vont largement à l’encontre des propos de M. Perra. Il est évident que des dérives existent dans les écoles Steiner-Waldorf, comme dans toute institution scolaire, y compris étatique. Mais ces dérives n’ont nullement trait à la pédagogie elle-même, comme l’a très souvent démontré la recherche scientifique. Les faits, encore une fois, sont têtus.

Sur les accusations d’attouchements sexuels à l’encontre de M. Perra, maintenant, Shadow Ombre n’a rien à dire d’intéressant, si ce n’est qu’il s’agirait de propos diffamants relevant de méthodes abjectes dignes de « Closer ». Inutile de s’étendre sur ce point, tellement ce que j’avance dans mon article se suffit à lui-même. Encore une fois, M. Ombre procède par inversion grossière. Il me reproche de ne pas traiter le fond des propos de M. Perra, alors que lui-même ne fait que dénigrer mon écrit sans entrer dans le détail ou en biaisant les faits. Pour une lecture vraiment objective de mon texte, je renvoie le lecteur à la vidéo de Victor Niquel, qui l’analyse phrase par phrase.

M. Ombre balaie donc d’un revers de main l’affaire d’attouchement : « Peu importe », comme il dit, que celle-ci soit avérée ou non. Libre à lui de penser cela, mais je le répète ici, car c’est mon hypothèse principale concernant Grégoire Perra : parler de cette affaire à Chatou est pertinent car cela permet, selon moi, de mettre en lumière ses motivations profondes et d’éclairer d’un jour particulier ses propos récurrents sur les prétendues déviances sexuelles systématiques présentes dans les écoles Steiner-Waldorf. En d’autres termes, pour comprendre les propos de Grégoire Perra, il est utile, selon moi, de comprendre son passé dans ce milieu. Mon intention n’a jamais été de salir sa réputation ou de le détruire personnellement, mais d’informer factuellement le lecteur sur la vie de ce personnage public, qui, sous couvert de liberté d’expression, tient des propos mensongers et diffamants sur la pédagogie Steiner-Waldorf depuis plusieurs années. Ma contribution n’est qu’une première pierre en vue de démonter l’imposture de son discours. L’histoire se chargera d’établir la vérité à ce sujet.

 

P.S. Contrairement à ce qu’affirme M. Ombre, je ne déjuge évidemment aucunement la justice française dans mon article sur Grégoire Perra, puisque tout ce qui s’y trouve (et en particulier l’affaire d’attouchement) n’a jamais fait directement l’objet d’une procédure judiciaire.

 

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