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Malgré les espoirs suscités, il est probable que rien de solide ne résulte des actuelles négociations de Paris sur le climat. C’est vers une révolution des conceptions économiques, causes premières de la pollution de la planète, que les efforts devraient plutôt se concentrer.

La COP21 est le grand rendez-vous diplomatique du moment. Jusqu’au 11 décembre, près de 40’000 personnes participeront à Paris à cette 21ème conférences internationales sur le climat. Les représentants des Etats signataires de la convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (adoptée à Rio en 1992) y sont réunis pour négocier (souvent à l’abri des regards) un accord devant remplacer le protocole de Kyoto.

Comme le résume le journal Le Monde, il s’agit de « parvenir à un accord universel et contraignant, qui engagerait à partir de 2020 l’ensemble des pays dans la réduction des gaz à effet de serre, afin de limiter le réchauffement à 2 °C par rapport à l’ère pré-industrielle. (…) Autres points-clés de l’accord : le financement de l’adaptation au changement climatique, et la juste répartition des efforts entre pays pauvres, pays émergents et pays industrialisés, ces derniers étant tenus pour historiquement responsables du réchauffement ».

Les causes premières laissées pour compte

A la vue de ce remue-ménage politique, un observateur attentif ne peut réprimer en lui un sentiment fataliste quant à l’issue favorable de la COP21. Et ce malgré la bonne volonté affichée, et tous les beaux discours d’espoir et d’optimisme proférés un peu partout. Pourquoi un tel fatalisme, à l’heure où il serait impératif de se réjouir d’une solution positive ? Parce qu’il est probable que les causes profondes du réchauffement climatique et de l’augmentation mondiale des émissions de CO2 (entre autres) ne seront que peu, voir pas du tout, traitées.

L’origine première des dysfonctionnements écologiques réside en effet dans la manière dont fonctionne le système économique. Il n’est donc pas nécessaire d’être docteur en sciences de l’environnement pour comprendre qu’il est vain de vouloir résoudre les problèmes écologiques si l’on ne résout pas au préalable ceux engendrés par l’économie. C’est pourtant en agissant sur les effets (les émissions de CO2, par exemple), et non sur les causes véritables, que les négociateurs de la COP21 espèrent trouver des solutions viables à la pollution planétaire.

Dépolluer l’économie pour dépolluer la nature

A ce niveau de réflexion, la tristesse s’ajoute au fatalisme. D’énormes sommes d’argent [1] ont été avancées pour développer les technologies « vertes » et les énergies renouvelables, notamment dans les pays du sud dit « en développement ». Certes prometteuses, beaucoup de ces technologies sont néanmoins développées selon les mêmes conceptions économiques que celles ayant causé les dérèglements écologiques qui préoccupent actuellement. Sans compter que l’extraction des matériaux rares nécessaires au fonctionnement de ces technologies est souvent source de pollution, et de crimes contre l’humanité (en Afrique, notamment).

C’est l’économie, en définitive, qui est polluée, et engendre la pollution de la nature. C’est d’ailleurs ce que remarque avec justesse l’économiste franco-suisse Michel Laloux dans son livre Dépolluer l’économie (2014). Il insiste sur le fait que derrière toute pollution naturelle se trouve, au fond, la notion de rendement maximum, d’où l’utilisation d’engrais chimiques en agriculture, par exemple. En économie, la façon d’augmenter les rendements au-delà de ce qui est sain pour le « terrain social »est la spéculation. Pour l’économiste, celle-ci « est la forme première de la pollution de l’économie. Elle favorise et même engendre les autres. (…) S’attaquer à elle [2], c’est œuvrer, de la façon la plus sûre, pour la santé de la nature ».

Dépolluer l’économie pour dépolluer la nature, et soigner les plaies du monde ; c’est sur cette voie que devraient s’orienter les êtres humains préoccupés (à juste titre) par le devenir de la planète et de l’humanité.


[1] 100 milliards de dollars, c’est la somme que les pays « riches » ont promis de mobiliser chaque année jusqu’en 2020 pour aider les pays « en développement » à s’adapter au réchauffement climatique. Des « fonds verts » destinés aux pays du sud ont également été évoqués à Cancun, en 2010, et la France a annoncé un plan de 2 milliards destinés à ces pays.

[2] Dans son livre Dépolluer l’économie, tome 1 : révolution dans la monnaie, disponible ici, Michel Laloux expose avec brio des solutions novatrices pour résoudre de manière durable les dysfonctionnements du domaine économique.

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