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Des retraités fribourgeois ont créé une association pour livrer du matériel humanitaire en Arménie.

Martin Bernard

15 octobre 2018 – En avant pour l’Arménie, toute ! Tôt ce lundi 15 octobre, les fondateurs de l’association Camion du bonheur ont pris la route au volant de leur véhicule, destination Erevan, la capitale de la « patrie de Noé ». Partis de Cressier, ils rouleront jusqu’en Italie, puis rejoindront la Grèce par ferry. La suite du périple les fera traverser la Turquie et la Géorgie. Un voyage long de 3685 kilomètres, parcourus en une dizaine de jours. Une véritable aventure humaine.

«Le risque zéro n’existe pas, mais l’itinéraire est relativement sans danger», note Paul-André Morandi. L’ancien directeur-adjoint des Établissements pénitentiaires de Bellechasse et président de l’association n’a qu’une crainte: la réaction des autorités turques au passage d’un camion humanitaire à destination de l’Arménie, les relations entre les deux nations restant toujours tendues.

Du matériel varié

Le camion et sa remorque contiennent près de 85 m3 de matériel. Il s’agit de lits, d’appareils hospitaliers, de vêtements d’infirmier (pour un hôpital pour enfants d’Arabkir), de meubles scolaires, de machines pour travailler le bois, de jouets et d’instruments de musique (pour un orphelinat d’Erevan) ainsi que de mobilier divers et de vélos. Les projets sur place sont coordonnés par deux fondations (Semra et Welio) et une association (Kasa) actives en Arménie depuis la Suisse. Ce sont elles qui ont récolté la majeure partie du matériel.

Pour ces organisations, cependant, transporter ces objets sur place représente un défi de taille, tant logistique que financier. Elles ont donc accueilli à bras ouverts l’initiative de Camion du bonheur. «Jusqu’à présent, nous transportions seulement des valises d’habits par avion, explique Jacqueline Gilgen, fondatrice de la fondation Welio. Nous sommes donc extrêmement chanceux et reconnaissants de pouvoir bénéficier de ce voyage.

Les routes de l’impossible

L’idée de Camion du bonheur a germé dans l’esprit de Paul-André Morandi à l’automne 2017, en regardant la série documentaire Les routes de l’impossible. L’état des véhicules utilisés l’a marqué. «Au départ, je voulais donc prendre un camion, le conduire dans le pays et le laisser sur place. Mais finalement, en raison des taxes à l’exportation, obligatoires dans un tel cas, il est moins cher de le garder pour faire d’autres voyages», détaille l’initiateur du projet. Ce dernier parvient à fédérer un groupe d’amis (ils sont douze actuellement) et à récupérer un vieux camion, encore fonctionnel, appartenant aux Établissements de Bellechasse. L’association est créée en janvier dernier. Mais les choses vont rapidement se compliquer.

«Nous étions de doux rêveurs et de grands naïfs. Nous ignorions que pour le transport à l’international, il y a des règles à respecter. » Il faut en effet une licence de transporteur routier, impossible à obtenir pour une organisation à but humanitaire de cette taille. Le problème a pu être contourné grâce à l’aide d’une grande entreprise de transport basée à Tolochenaz (VD). Le camion est immatriculé sous son nom. La société a également fourni la remorque et s’occupe de la partie logistique. Le tout gratuitement. «Nous avons eu la chance de frapper à la bonne porte et de trouver une oreille attentive à notre projet, remarque Marcel Julmy, secrétaire de Camion du bonheur. Toute la préparation du voyage s’est faite de cette manière, grâce à de rencontres humaines et à des dons.»

Soutiens multiples

Des contacts ont été pris avec des associations actives au Rwanda et en Arménie. Ce dernier pays a finalement été privilégié, pour des raisons pratiques. Au fil des mois, un réseau de soutien s’est mis en place. Le logo de l’association a été posé sur le camion par un détenu de Bellechasse. La réparation des vélos a aussi été réalisée par ce biais. Le soutien d’entreprises et de particuliers de la région a en outre permis de récolter les 13 000 francs nécessaires au voyage aller-retour. Ce dernier durera un mois et pourra être suivi via le site de l’association et les réseaux sociaux. Après quoi, les membres de Camion du bonheur, tous bénévoles, espèrent reprendre la route pour d’autres projets humanitaires. «Le camion est expertisé. Nous sommes donc ouverts à toute proposition pour des transports jusqu’aux confins de l’Europe», précise Paul-André Morandi.

Publié le 15 octobre 2018 dans le quotidien fribourgeois La Liberté.

Photo: 2018 © McFreddy. McFreddy, photographe RP.

 

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