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Dans son nouveau film documentaire intitulé Bâtisseurs de l’Ancien monde, le réalisateur Patrice Pouillard explore certaines énigmes controversées liées à la construction de sites archéologiques célèbres comme Gizeh ou Machu Picchu.

Martin Bernard

25 avril 2020 – Les mystères du passé ont fasciné des générations entières d’explorateurs et continuent aujourd’hui d’attiser la curiosité de chercheurs courageux. Mais peut-on étudier ces mystères de manière sérieuse sans tomber dans des spéculations farfelues ? C’est ce qu’a tenté de faire le réalisateur français Patrice Pouillard dans son film documentaire Bâtisseurs de l’Ancien monde (BAM).

Voir le monde autrement

« Quand j’ai découvert il y a 20 ans le sujet des énigmes de notre passé, je ne savais à quel point il bouleverserait ma trajectoire de vie ! On ne décide pas de consacrer une très grande partie de son existence à un tel sujet, s’il ne fait pas écho à quelque chose en soi de profond, d’important et de nécessaire, à la hauteur des réactions très contrastées entraînées par mes films, depuis La Révélation des pyramides il y a dix ans, à Bâtisseurs de l’Ancien monde. Ces années de recherche m’ont permis de voir le monde autrement, en me détachant de toutes sortes de croyances : celles qu’on admet généralement sans discuter, sur la foi de l’autorité que les titres confèrent », confie le réalisateur sur sa chaîne Youtube.

Faits troublants du passé

Que l’on partage ou non ses conclusions, Bâtisseurs de l’Ancien monde a le mérite de mettre en lumière certains faits troublants concernant notre passé. Le documentaire s’intéresse notamment aux techniques utilisées pour ériger certains monuments antiques. Il interroge par exemple la présence de blocs mégalithiques complexes, parfaitement taillés et ajustés avec une précision extrême, sur de nombreux sites archéologiques célèbres, que ce soit au Pérou (Machu Picchu, murailles d’Ollantaytambo, Lima), en Égypte (pyramides de Gizeh et son Temple de la Vallée) ou sur l’Île de Pâques.

Il est frappant de constater que des murs composés de blocs de pierre pesant plusieurs dizaines de tonnes ont parfois été réutilisés au fil des siècles et rehaussés de blocs plus petits, et d’une qualité bien inférieure. Comme si d’anciennes techniques de construction avaient été perdues au fil des générations.

Grottes de Barabar

Quoi qu’il en soit, ces murs « cyclopéens » questionnent l’idée communément admise en archéologie selon laquelle l’évolution des civilisations humaines est consubstantielle d’un progrès constant de la qualité des réalisations et des techniques de construction. De toute évidence, ce scénario ne permet pas d’expliquer pourquoi ce sont parfois les monuments les plus anciens qui sont techniquement les plus aboutis et complexes. Les grottes de Barabar en Inde – aux superbes parois polies et à l’acoustique complexe –, ou la grande pyramide de Gizeh (dont rien n’atteste qu’il s’agisse d’un tombeau), sont de parfaites illustrations de cette problématique.

Les travaux de Christopher Dunn

L’ingénieur américain Christopher Dunn, interviewé par Patrice Pouillard dans son film, explore depuis plus de 30 ans cette question. Il s’est surtout intéressé à l’Égypte ancienne. Selon lui, pas besoin de supposer l’existence d’extraterrestres pour expliquer le degré de sophistication des constructions égyptiennes. Mais il est clair, pour lui, que les bâtisseurs de l’époque auraient disposé de techniques bien plus avancées que celle qu’on leur accorde généralement.

De fait, la construction de la grande pyramide de Gizeh, ainsi que de nombreux autres monuments mégalithiques, reste encore aujourd’hui une énigme pour les archéologues. Face à ces mystères, beaucoup préfèrent souvent maintenir leurs schémas narratifs. Pour eux, mieux vaut faire appel à des explications improbables et discréditer des chercheurs sérieux comme Christopher Dunn, que de remettre en question leurs théories à la lumière des faits dérangeants, comme le veut pourtant la démarche scientifique.

Se cantonner aux faits

Pour cette raison, dans le domaine de l’histoire dite « alternative », se cantonner aux faits est impératif. Malheureusement, certains auteurs sont tombés dans le piège des conclusions hâtives, décrédibilisant les recherches sérieuses. Bâtisseurs de l’Ancien monde a le mérité d’échapper globalement à cet écueil, même si certaines des perspectives que le documentaire avance restent discutables. Il est aussi possible d’accepter ou non l’hypothèse de l’existence d’une civilisation oubliée dans notre lointain passé. Mais cela ne devrait pas empêcher d’apprécier à leur juste valeur les faits mis en lumière.

L’une des critiques qu’on pourrait faire à ce film est de présenter surtout – à l’exception notable de l’étude, fascinante, des grottes de Barabar en Inde – des éléments déjà analysés en détail par d’autres chercheurs, dont Graham Hancock, l’un des pionniers dans ce champ d’étude (voir notamment ses livres L’Empreinte des dieux et Magiciens des dieux). En ce sens, Bâtisseurs de l’Ancien monde est avant tout un travail de recension intéressant, qui a le mérite d’être l’un des rares du genre en langue française. Il est donc une bonne porte d’entrée pour tous ceux qui souhaitent approfondir avec sérieux les énigmes passionnantes de notre passé.

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