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La Confédération a été acceptée jeudi soir comme membre observateur du Conseil de l’Arctique. Elle est le seul nouveau pays à avoir été admis. Cette position devrait lui permettre de renforcer ses collaborations scientifiques, son expertise et ses liens diplomatiques avec les acteurs de la région polaire.

Martin Bernard

12 mai 2017 – C’est fait, la Confédération siégera désormais à la table du Conseil de l’Arctique. Comme l’avait pronostiqué hier La Cité, son acceptation au sein de ce cénacle très convoité où sont prises toutes les décisions stratégiques concernant la région polaire a été entérinée jeudi dans la soirée, à Fairbanks, dans l’Alaska américain.

Réunis en séance plénière, les ministres des affaires étrangères des huit «États Arctiques » — Russie, Canada, Norvège, États-Unis (via l’Alaska), Danemark (via le Groenland), Suède, Finlande et Islande — ont octroyé à la Suisse le statut de membre observateur, pour lequel elle était candidate depuis 2015. Fait notable, parmi les trois autres pays en lice (Turquie, Mongolie, Grèce), la Confédération est le seul à avoir été admis cette année. L’Union européenne et Greenpeace ont aussi été recalés.

«Pour être honnête, ce n’est pas vraiment une surprise pour nous. Nous sommes d’ailleurs le seul pays à n’avoir pas eu d’opposition d’un des membres du Conseil au moment de la décision», commente l’ambassadeur helvétique Stefan Flückiger, proche du dossier. «Nous avons eu une très bonne coopération avec la communauté scientifique et les acteurs de la région pendant quatre ans. La Suisse est respectée premièrement par la qualité de sa contribution scientifique, mais aussi car elle est neutre géopolitiquement et à la pointe mondiale dans le développement des technologies verte et des recherches sur le climat et les glaciers.»

La Suisse est ainsi le treizième État à rejoindre le cercle fermé des membres observateurs, dans lequel siègent déjà la France, l’Allemagne, le Royaume-Uni, mais aussi l’Inde, la Chine et Singapour. Cette admission vient récompenser un intense engagement scientifique, commercial et diplomatique dans le soutien aux activités polaires ces deux dernières années, incarné par le slogan «Suisse, un pays verticalement polaire» (Swiss, the Vertical Arctic).

«Il était important pour la Confédération d’être partie prenante des débats autour de l’Arctique», ajoute Stefan Flückiger. «La région prend une importance économique et stratégique grandissante en raison du réchauffement climatique. C’est aussi le dernier grand espace géographique où il est possible d’expérimenter une nouvelle coopération politique viable.»

Levier diplomatique

Qu’implique cette admission, concrètement? À l’avenir, la Confédération pourra participer directement aux travaux scientifiques des groupes de travail du Conseil de l’Arctique. Un moyen aussi de renforcer ses liens avec les réseaux diplomatiques des pays de l’Arctique et avec les organisations autochtones.

Berne pourra également s’exprimer sur les projets et la direction du Conseil de l’Arctique dans le cadre des rencontres observateurs-membres qui se tiennent tous les six mois. Ainsi, «elle pourra faire valoir son expertise en tant que puissance scientifique en tissant des liens entre arctique et très haute montagne notamment, où des synergies de recherche, d’innovation et de gestion des espaces qui sont à développer de l’avis de tous – et que la France ou la Chine, ainsi que d’autres pays très montagneux observateurs au Conseil n’ont pas encore su mettre en avant», explique le Français Mikaa Mered, spécialiste de la région et enseignant associé en économie polaire à l’Université des sciences appliquées de Laponie.

«Tout État qui accède au statut d’observateur aujourd’hui voit sa légitimité politique, scientifique et commerciale consacrée et admise au niveau international», ajoute le spécialiste. «Stratégiquement, même si la Suisse est un État enclavé, c’est important, car cela pourrait notamment contribuer à renforcer sa puissance de neutralité diplomatique et sa capacité de médiation dans de futurs conflits ou tensions liés à des risques environnementaux, ou dans des conflits directs entre pays de l’Arctique – on pense évidemment aux États-Unis et à la Russie, par exemple.»

En outre, la Confédération étant le troisième pays francophone du Conseil (avec le Canada et la France), son arrivée pourrait être une bonne nouvelle pour le développement de la francophonie au sein du forum, «importante pour de nombreux acteurs sub-étatiques de l’Arctique comme le Yukon, le Nunavut, le Québec ou encore la province de Terre Neuve et Labrador», note Mikaa Mered.

> Article publié initialement sur le site du mensuel La Cité : https://www.lacite.info/politiquetxt/arctique-role-suisse

 

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