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Une conversation volée publiée le 6 février sur Youtube fait état de l’ingérence américaine en Ukraine, et du soutien actif apporté aux opposants du régime en place. Depuis 1991, les Etats-Unis ont également avoué avoir versé près de 5 milliards de dollar afin de soutenir la transition démocratique de l’Ukraine.

Sur les rives de la Mer Noire, à Sotchi, ont débuté vendredi les jeux olympiques d’hiver, les premiers à se dérouler en Russie depuis la chute de l’Union Soviétique. Lors de la cérémonie d’ouverture, une quarantaine de chef d’Etat avaient fait le déplacement, dont le président ukrainien Viktor Ianoukovitch. Ce dernier, arrivé à Sotchi la veille de la cérémonie, n’a pas manqué de s’entretenir des troubles secouant son pays avec son homologue russe Vladimir Poutine.

En Ukraine, les tensions sont toujours bien présentes, et à mesure que les semaines avancent, des militants de partis nationalistes d’extrême droite comme Svoboda gonflent les rangs des manifestants et radicalisent les revendications.

C’est dans ce contexte qu’ont été révélées jeudi 6 février sur Youtube les intentions cachées de Washington en Ukraine. Une conversation téléphonique entre Victoria Nuland, la sous-secrétaire d’état américaine pour l’Europe et l’Eurasie, et Geoffrey R. Pyatt, l’ambassadeur américain en Ukraine, souligne en effet la volonté de Washington de vouloir piloter l’accession au pouvoir de membres proéminents et pro-occidentaux de l’opposition, comme Vitaly Klitschko, Arseniy Yatseniuk, ou le leader de Svoboda Oleh Tiahnybok.

« Je ne pense pas que Klitsch (Vitaly Klitschko) devrait entrer au gouvernement », dit Nuland à Pyatt dans cet enregistrement ; « Je pense que Yats (Arseniy Yatseniuk) est celui qui a l’expérience économique nécessaire… ce dont il a besoin, c’est d’avoir Klitsch et Tiahnybok en retrait. Il a besoin de leur parler quatre fois par semaine… ». Plus loin dans la conversation, Nuland affirme qu’il serait bien qu’un envoyé des Nations Unies fasse le déplacement pour couvrir les manoeuvres (« coller les choses »), ajoutant à cela en réaction à la passivité européenne, notamment allemande, à appuyer un changement de régime en Ukraine : « et que l’Europe aille se faire foutre ».

Ces propos ont été publiés par le Kyij Post, et semblent s’être tenus le 25 janvier, date à laquelle Ianoukovitch venait de proposer les postes de premier ministres et de vice-premier ministre à deux membres de l’opposition ; postes que ces derniers ont fini par refuser. Après avoir invoqué un complot russe, Victoria Nuland a fini par reconnaître ses dires, et a présenté ses excuses à l’Union Européenne.

Une aide substantielle pour se rallier l’Ukraine.

Le 13 décembre de l’année dernière, dans une intervention à la US-Ukraine Foundation (voir en anglais vidéo ci-dessous), Victoria Nuland a aussi révélé que depuis l’indépendance de l’Ukraine en 1991, les Etats-Unis « ont investi près de 5 milliards de dollars » afin d’assister l’Ukraine dans sa transition démocratique.

Derrière cet assistanat se profile le projet géopolitique de séparer l’Ukraine de ses liens historiques avec la Russie, en faisant pression pour que le pays signe un partenariat économique privilégié avec l’Union Européenne et le Fond Monétaire International (FMI). C’est cette volonté de rallier l’Ukraine à l’Occident qui pousse aujourd’hui les décideurs américain à soutenir et à financer les opposants pro-européens dans leur lutte pour renverser Viktor Ianoukovitch, un dirigeant démocratiquement élu.

Du côté russe, il va sans dire que cette attitude interventionniste de l’occident est très mal vue. Le journaliste russe Mikhaïl Rostovski a affirmé qu’ « il se produit actuellement à Kiev une véritable tentative de coup d’état. » Avant d’ajouter : « Viktor Ianoukovitch ne m’est pas du tout sympathique. Son passé “mouvementé” ne m’inspire que des doutes (…) Mais, dans le même temps, je reconnais qu’il a été élu légalement président de l’Ukraine et que son Parti des régions a gagné légalement les élections législatives. (…) Et, puisque Ianoukovitch est un président légitime, une opposition qui respecte les principes démocratiques n’a qu’une solution pour le vaincre : remporter les prochaines élections. » Le ministre russe des affaires étrangères Sergeï Lavrov a quant à lui dénoncé le soutien « indécent » apporté par les gouvernements occidentaux aux opposants de Kiev.

En réponse à cela, et à l’aide de 15 milliards de dollar promise à l’Ukraine par Moscou, l’Union Européenne et les Etats-Unis ont annoncé la préparation d’un plan d’aide à l’Ukraine. D’un montant inconnu, il insufflerait, selon l’eurodéputé polonais Pawel Kowal, « une impulsion claire et forte qui donnerait de l’espoir aux manifestants ukrainiens ».

Mise à jour 2016: En mars 2016, Victoria Nuland était interrogée par le Sénat américain sur les intérêts américains en Ukraine, et les moyens engagés pour remplir ces intérêts, notamment au niveau de la propagande.

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